La COP29 de cette année devrait aboutir à des résultats en matière de financement de la lutte contre le changement climatique.
Presque tous les sujets abordés à Bakou nécessiteront un financement important s'ils veulent atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l'accord de Paris.
Le nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), qui succède à l'objectif de 2009 de générer 100 milliards de dollars par an pour l'action climatique d'ici à 2025, sera le protagoniste de l'agenda de cette année.
Les négociateurs ont encore un long chemin à parcourir avant de disposer d'un cadre opérationnel et mature, mais le rôle de l'article 6 dans la mobilisation du financement de la lutte contre le changement climatique sera déterminant.
L'IETA a conclu dans son rapport intitulé "Modelling the Economic Benefits of Article 6" (Modélisation des avantages économiques de l'article 6) que les transactions effectuées dans le cadre d'un marché mondial du carbone pleinement mis en œuvre au titre de l'article 6 pourraient dépasser les 100 milliards de dollars par an d'ici à 2030. Cela permettrait aux gouvernements d'économiser près de 300 milliards de dollars en coûts d'atténuation par rapport à la recherche d'objectifs de contributions déterminées au niveau national (CDN) indépendamment d'un marché du carbone.
Pour tirer parti de ce potentiel, il convient de préparer le terrain dans les pays d'accueil, en veillant à ce qu'ils puissent s'approprier les mécanismes de l'article 6 et y participer efficacement. Cela est particulièrement vrai pour les pays du Sud, qui disposent d'un potentiel de décarbonisation inexploité dans les domaines de l'efficacité énergétique, des industries lourdes à abattre et des combustibles à faible teneur en carbone, ainsi que dans le développement de sources d'énergie plus propres et d'industries fondées sur la nature.
Dans le même temps, de nombreux pays ne disposent pas d'infrastructures adéquates et ne comprennent pas pleinement les exigences liées à la mise en œuvre de l'article 6.
Les pays d'accueil doivent s'efforcer de mettre en œuvre une série de critères rigoureux, notamment
● Un inventaire méticuleux des gaz à effet de serre (GES).
● Des objectifs NDC réels et mesurables, à la fois conditionnels et inconditionnels.
● Des cadres institutionnels complets
● Systèmes de registre des infrastructures pour superviser les activités relevant de l'article 6.
Ce processus peut être observé aux Philippines, où la volonté du gouvernement de se préparer à l'article 6 est évidente. Le pays a déjà désigné son point focal dans le cadre du mécanisme de l'article 6.4 de l'accord de Paris et a pris des mesures pour développer un cadre politique global qui soutiendra ses efforts pour se préparer à la coopération internationale dans le cadre de l'article 6. Ses progrès, qui doivent être salués, montrent que la préparation à l'article 6 doit se faire avec l'appropriation du pays, mais aussi en reconnaissant l'urgence de la situation climatique, qui nécessite la mise en œuvre rapide d'incitations et d'outils pour débloquer le flux de financement climatique dans le cadre du mécanisme de l'article 6.
Bien entendu, même lorsque les pays sont prêts à appliquer l'article 6, l'expansion du marché n'est pas exempte de complexité. Des questions subsistent sur la manière dont les crédits sont autorisés et sur la manière de garantir la transparence. Toutefois, les négociations de Bonn ont montré que la communauté internationale se penche sur ces questions, créant des accords communs sur les questions clés de l'article 6, ce qui permet d'envisager Bakou avec une énergie prudente mais optimiste.
En fin de compte, nous ne devons pas perdre de vue la raison pour laquelle les marchés du carbone ont été créés, à savoir l'augmentation du financement de la lutte contre le changement climatique. Par conséquent, le potentiel économique décrit dans le rapport de l'IETA ne doit pas être ignoré. Les statistiques montrent à quel point ces marchés pourraient contribuer à orienter le financement de la lutte contre le changement climatique là où il est le plus nécessaire.
Pedro Carvalho, responsable de la politique et des marchés, EcoSecurities